De la série de 4 albums partagés par
My Cat Is An Alien et un invité, tirés chacun à une centaine d'exemplaires vinyl, rien de trouvable ne restait plus. Et vint l'idée fameuse de rééditer l'ensemble sur CD. Pour ne plus soupçonner jamais le rock expérimental de se satisfaire d'une poignée d'amateurs à l'affût de l'objet rare plutôt qu'intéressé, comme tout le monde, à agrandir son tissu relationnel.
4 volumes, donc : albums 2 titres inaugurés toujours par l'exercice de l'invité (
Thurston Moore,
Thuja,
Jackie-O Motherfucker,
Christina Carter & Andrew MacGregor). Par ordre d'apparition - inaugurant donc l'intégrale -,
Thurston Moore donne, frénétique, dans la pratique d'un piano déglingué. Trouvant un confort lénifiant dans l'usage des échos, il prône la liberté artistique pour mieux tout se permettre, sans jamais rien tenter. Au final,
American Coffin n'est qu'un brouillon d'effets bruitistes grossiers exposés sous cloche, que viendra fendre d'une révolte plus concrète
My Cat Is An Alien. Progression élégante,
Brilliance in the outer space superpose l'oscillation de nappes de guitares électriques à une programmation électronique succombant petit à petit à ses parasites. L'envolée est bruyante, et tient de la noblesse ce qu'elle a de plus sûr : la crasse véritable.
Thuja peut donc poursuivre la célébration d'un son grouillant devenu presque unique objet d'attention. Sur décorum sombre,
The magma is the brother of the stone n'en finit pas d'asséner des coups aux cordes et aux micros des guitares électriques, accueille favorablement quelques intrusions électroniques, en boucle certaines, multiplie les échantillons sonores, avant de retourner sa veste pour arborer enfin l'envers acoustique des choses : banjo et guitare concluant discrètement 18 minutes intenses. Utilisant la même méthode de superposition que précédemment,
My Cat Is An Alien remonte ensuite une boîte à musique suspecte, crachant, répétitive, des bribes de ritournelle sur le bourdon instable des masses électriques (
When the earth whispered your name).
Décevant, tout de même, sur
From The earth To The Spheres, vol. 3, au son d'une progression sans charme en perte de vitesse, les Italiens laissent se porter toutes les attentions sur l'invité
Jackie-O Motherfucker. Convaincant lorsqu'il défend une pièce répétitive et galactique charriant les chants étranges de sirènes mâles, le groupe finit par se contenter du minimum - deuxième partie de
Braking, construction rythmique tiède abusant de voix d'ambiance. Et aurait permis à
Christina Carter et Andrew MacGregor de ne rien craindre d'une comparaison.
Or, c'est à contre-pied que le duo engage
We know when we are thinking about each other. Là, une guitare timide et une basse déposent une partition redondante, jouant du changement léger de la vitesse d'exécution et des apports fantasques des dissonances impromptues. Mêlant leurs voix à l'ensemble,
Carter et
MacGregor fabriquent sur la longueur une musique enivrante et riche, qui dérange autrement. Alors, la virginité retrouvée pourra reprendre des couleurs, au gré de l'ambient tournant à l'excès sonique qu'est
The circle of life & death. L'éternel retour mis en musique par
My Cat Is An Alien, conduisant
From The earth To The Spheres des cendres originelles aux cendres définitives, le long d'un parcours chaotique rendu plus impraticable encore par quelques agités, afficionados des heurts et de la chute.
Chroniqué par
Grisli
le 01/03/2006