Jessica Pratt

Silence, un ange passe. Et puisque celui-ci ne passe pas souvent, redoublons donc d'attention à son égard. Cinq ans après le sublime Quiet Signs et près de dix après le non moins sublime On Your Own Love Again, la trop rare Jessica Pratt revient adoucir les frasques du monde actuel par ses chansons semblant provenir d'une époque aujourd'hui révolue. La californienne nous offre ainsi Here in the Pitch, une nouvelle bulle temporelle dans laquelle on aime se lover, avec encore et toujours les golden sixties dans le rétroviseur. Notamment celles possédant cette grâce parfois teintée de bossanova que l'on pouvait retrouver chez Claudine Longet (Nothing to Lose dans l'une des scènes irrésistiblement drôles du film The Party de Blake Edwards).

Here in the Pitch est une rêvasserie qui se dodeline entre épure folk et élégance pop, le tout servi par des arrangements plus étoffés qu'à l'accoutumée donnant parfois à l'album des allures de Burt Bucharach. Jessica Pratt démarre fort avec Life Is, une composition classieuse évoquant le psychédélisme doux et solaire du Jefferson Airplane, d'autres californiens, et poursuit ensuite sa route en délivrant quelques chansons délicieusement surannées que sa voix quasi enfantine semble transformer en comptines d'un autre âge. Car oui, Jessica Pratt dispose d'une voix singulière qui peut laisser sur le carreau, mais qui, dans notre cas, apporte à ses compositions admirablement écrites sinon une identité forte du moins un léger trouble. Ou tout simplement de l'aura, puisque Jessica Pratt serait un ange.