Lorsque j'écoutai pour la première fois
Colours, je m'attendais à découvrir un album dubstep. Mais si
Culprate s'est fait avant tout connaître au sein de cette scène, cet opus s'en démarque nettement, pour ne pas dire qu'il la délaisse complètement (exception faite peut-être du dernier titre
Black Left). John Hislop lui a préféré un IDM/glitch fouillé et éclectique. Un choix judicieux, car si on apprécie toujours en live les morceaux qui tabassent, ces derniers se révèlent généralement assez chiants à écouter chez soi. Non, un album se doit de ravir les oreilles de l'auditeur, pas nécessairement lui donner envie d'headbanger sur sa chaise. Le producteur anglais l'a bien compris, et avec
Colours, il nous prouve qu'il est capable d'être tout aussi efficace dans ce registre là.
C'est un parcours bariolé que propose donc le bien nommé
Colours.
Yellow, par exemple, tape dans le glitch énervé et joyeusement foutraque. Le titre me rappelle certains morceaux de
Gangpol Und Mit, ou encore l'album
Huge Chrome Cylinder Box Unfolding de
Venetian Snares. Sauf qu'aucun de ces deux derniers n'atteint la précision chirurgicale de
Culprate. Ça fuse de partout sans qu'aucun clic ne dépasse. Sa maîtrise de la chose est vraiment flippante, de quoi dégoûter tous ceux qui voudraient s'essayer au click'n'cuts.
Red Open Heart, en revanche se veut plus mystique. Avec se batterie jazzy, le morceau évoque les anciens travaux d'
Amon Tobin ou d'
Xploding Plastix. Certaines sonorités de
White Random Glare rappellent quant à elles vaguement
Aphex Twin, tandis que
Shades Of Brown Sewer Squat me fait beaucoup penser au breakbeat de
Tipper. Les goûts, les couleurs... peu importe ceux qu'Hislop choisit de satisfaire, à chaque fois la qualité de production est bluffante. Seule la partie de piano hasardeuse et peu crédible d'
Orange Sunrise, Sunset entache le tableau idyllique.
Colours est un album d'IDM qui arrive certes après la bataille, mais qui parvient à apporter une certaine fraîcheur au genre. Sans en bouleverser les codes, il se hisse sans problème, par son niveau de production, aux côtés de ceux qui l'ont influencés. La barre est désormais montée un peu plus haute pour tous ceux qui suivront...
Chroniqué par
Tehanor
le 28/12/2011