Toe est, pour moi, comme l'a été leur compatriote
Té au moment de leur première écoute, un ovni.
D'abord, puisque c'est cela qui se fait entendre en premier : des doigts qui claquent, des chants d'oiseaux et cette idée qui ne tarde pas à se manifester d'une sorte de math-folk. Des lignes de guitares complexes et mélodiques — comme on ne peut que les aimer donc, puisqu'elles allient la quête sensible à la découverte — jouées sur des guitares acoustiques et présentées sans le moindre artifice. Ensuite, cette batterie et sa pureté, sa précision et sa recherche. Mais aussi, cela : toujours nette. Parce qu'elle ne se perd jamais en des circonvolutions inutiles. Et que là où certains — c'est ce que l'on imagine sans peine — auraient choisi des accents free ou des imitations des musiques électroniques, elle, fidèle à elle-même, fidèle à sa propre idée du rythme, trace sa route sans détour, sans hésitation, comme si cela avait toujours été parfaitement naturel et parfaitement évident de jouer comme ça, de jouer des rythmes aussi raffinées et identifiables — parce que les amateurs du genre et, souhaitons-le encore plus, les autres, finiront vite par identifier ce jeu — sans jamais déjouer ce que les autres musiciens font.
On parlera encore de ces mains qui se tapent elles-mêmes, de ces claviers et de cette flûte qui achèvent d'arranger et de déranger des compositions aussi justes que c'est imaginable (
1/21 et
New sentimentality). Et, ce sera tout. Car, rarement quatre titres auront eu l'heur d'aussi bien porter leur nom : celui d'une nouvelle sentimentalité qui, puisque c'est éponyme, ignore tout du sentimentalisme, mais rien de l'originalité.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 02/01/2008