Et si le disque d’ambient lo-fi le plus intéressant du moment était issu du hip hop ? C’est une question qui se transforme rapidement en affirmation à l’écoute de
Burner le nouveau disque d’
odd nosdam alias 1/3 du fameux combo
cLOUDDEAD d’anticon. Un album qu’il qualifie lui-même de véritable premier disque.
À l’écoute de ce petit bijou, on n'est guère surpris de cette dernière affirmation. C’est un véritable album autobiographique qui nous est ici mis à disposition. Des sons collectés depuis plus de 7 ans dans sa ville natale de Cincinnati ou encore à Oakland et Berkeley. D’autant plus surprenant quand on regarde la longue liste de guests. On en compte plus de douze dont les plus récurrents et surprenants sont
Jessica Bailiff,
Mike Patton et
Liz Hodson. Malgré l’intrusion de ces fortes personnalités, le disque garde une homogénéité et une résonance très personnelle essentiellement à cause des nombreux enregistrements balancés en fond sonore.
Véritables témoignages de ce que peut être la vie hors des gros pôles d’attraction américains, ces field recordings jalonnent le disque de bruits de vent, rires, engueulades, télévision et fusillades et font partie intégrante de la musique comme ils peuvent l’être chez
Godspeed You ! Black Emperor. Une comparaison qui peut apparaître déroutante, car il ne s’agit ici bien sûr pas de post-rock, mais qui s’impose bien à l’écoute du disque. En plus de l’intrusion de ces morceaux de vie, qui donne à la musique une dimension fortement contemplative et évocatrice, la tension est constamment présente, passant par des passages ambient (
flying saucer attack avec
Jessica Bailiff ce qui sonne alors comme un véritable hommage) à des morceaux plus épiques (
untitled one) et d'autres plus psychédéliques (
untitled three et
choke). Il reste cependant des passages plus sages (le dub coolisant de
untitled two) ou tendant vers la pop comme
11th avenue freakout pt1.
Mais plus que la palette musicale variée et passionnée, on retiendra l’éthique véritablement lo-fi, politique et expérimentale qui se dégage d’un morceau comme
small mr man pants et qui aboutit à un album novateur, engagé, sans concession et totalement réussi.
Chroniqué par
Gaëtan
le 20/09/2005