Membre appliqué du
Clarinet Trio,
Michael Thieke peut envisager son instrument de façon encore plus radicale. En solo, par exemple, venant grossir le nombre des musiciens pratiquant un instrument pour en sortir le moins de notes possibles. Souvent frelaté, ce genre d'expérience trouve une exception dans
Leuchten.
Enregistrant en direct sur DAT,
Thieke accepte un duel brut et déconcertant avec son instrument. Entre les silences de rigueur, s'y bousculent les chocs, les rythmes à soupçonner, et les luttes intestines que se livrent salive et souffle dans un endroit non identifié du conduit (
Nicht Existent). Toujours plus agressifs, les souffles ; jusqu'à se montrer exclusifs (
Jene Randfiguren).
Ailleurs, d'autres contrastes encore. Celui de parasites aléatoires profitant d'une clarinette sous crise d'asthme pour mieux se faire valoir (
Quellend). Celui qu'imposent les natures différentes de deux morceaux opposés :
Digamma, seul à permettre l'évasion de quelques notes - raclées, toutefois, se bousculant, forcément impatientes, au pavillon -, et
Diffusion, morceau sans grand intérêt, qui se contente de nappes oscillatoires formées par des souffles en transit.
Comme
Michel Doneda,
Michael Thieke arrive à faire d'une intention bravache et de postures provocantes une interrogation subtile sur l'utilisation de son instrument. Vision personnelle d'une possible évolution des pratiques, l'exposé qu'est
Leuchten est assez bien ficelé pour ne pas lasser l'auditoire.
Chroniqué par
Grisli
le 06/08/2005